(article initialement publie le 24 Fevrier 2012)
Mettons tout de suite les choses au point: l'affaire Roswell, la plus grande qu'ait connu l'ufologie depuis qu'elle existe, n'a PAS de rapport avec le fameux film de la soi-disant autopsie d'un extra-terrestre (tout du moins, pas directement).
Il est impossible de resumer brievement Roswell en quelques lignes,
il faudrait des centaines de pages pour commencer a avoir un embryon de
la chose. J'ai donc decide de reproduire ici un court texte assez bien
fichu, lu dans l'ouvrage "Verites et mensonges sur les OVNI" de Joel
Mesnard (editions Trajectoires, 2008), qui presente le tout dans les
(tres) grandes lignes.
Le nom est familier à beaucoup de personnes, mais par les vertus de
la désinformation, ils évoquent bien plus une colossale entreprise de
debunking (le debunking, de l'anglais "debunk" qui signifie
"discréditer" ou "démythifier", est l'art qui consiste à nier et à
discréditer tout évènement ayant trait de près ou de loin à l'existence
d'êtres extraterrestres) montée au milieu des années
quatre-vingt-dix, que les évènements de Juillet 1947. L`affaire est
extrêmement complexe, et met en scène un nombre considérable de
protagonistes.
A la fin du printemps 1947, les observations de "disques volants"
(c'est le terme qu'employaient alors les Américains) se multiplient sur
le territoire des Etats-Unis, et notamment dans le Sud. A cette époque,
la seule unité de bombardiers armés de bombes atomiques est le 509eme
groupe de bombardement de l'US Army Air Force (qui deviendra deux mois
plus tard l'US Air Force, suite à une réorganisation en profondeur des
forces armées). Equipé de B-29 identiques à ceux qui ont largué les
bombes atomiques sur Hiroshima et Nagasaki, le 6 et le 9 août 1945, le
5O9th BG est stationné sur la base de Roswell (RAAF : Roswell Army Air
Force Base), au Nouveau Mexique. On trouve dans ce même Etat (presque
désertique) la majeure partie des installations qui ont permis la
réalisation des bombes atomiques : le Projet Manhattan (ce projet, qui
avait pour but la réalisation de la bombe atomique, a été lancé le 9
Octobre 1941, pour contrer une menace allemande. Dès le 2 août 1939,
Albert Einstein avait adressé un courrier au Président Roosevelt, afin
d'attirer son attention sur le fait que les nazis cherchaient à mettre
au point une telle arme, ce qui représentait évidemment un risque de
toute première importance) est implanté dans les laboratoires de Los
Alamos ; les installations industrielles qui ont permis la fabrication
des bombes se trouvent dans les laboratoires Sandia, près d'Albuquerque.
Dans la même région, on trouve le coin de désert connu sous le nom de
Trinity Site, où a eu lieu la première explosion expérimentale, le 16
juillet 1945 (expliquée aux habitants de la région comme résultant de la
destruction accidentelle d'un dépôt de munitions) ; on trouve également
le polygone de tir de White Sands, où sont expérimentés des dérivés des
V1 et surtout des V2 récupérés en Allemagne à la fin de la guerre, ces
derniers étant appelés, par améliorations successives, à donner
naissance aux missiles stratégiques, américains aussi bien que
soviétiques, de première génération.
Le mardi 8 juillet, une nouvelle stupéfiante éclate : le colonel
Blanchard qui commande le 5O9th BG fait savoir que ses hommes ont
récupéré l'épave d'un disque volant.
Le soir du même jour, lors d'une conférence de presse organisée dans
le bureau du général Ramey, sur la base de Carswell (à Fort Worth, au
Texas), une toute autre version est servie aux journalistes : en fait,
c'est l'un des officiers du 5O9th BG, le commandant Jesse Marcel, qui
s'est trompé : il a pris les débris d'un petit ballon météo, auquel était accroché un simple réflecteur radar pour l'épave d'un
disque volant. De minables débris du ballon et du réflecteur sont étalés
sur le sol. Le général Ramey, son adjoint le colonel DuBose, le
lieutenant Newton, chargé de la météo, et le commandant Marcel se
laissent photographier devant ces détritus. Marcel, qui ne dit pas un
mot, passe pour un parfait imbécile, d'autant plus qu'il était chargé
des questions de sécurité. Le sort du colonel Blanchard, qui a autorisé
la diffusion de la nouvelle, en milieu de journée, n'est guère plus
enviable. Mais personne n'y prête beaucoup d'attention, l'affaire est
classée : c'était une erreur.
Plus de trente années s'écoulent, sans que cette affaire ne fasse plus parler d'elle.
En février 1978, Stanton Friedman, un physicien nucléaire déjà très
impliqué dans les enquêtes ufologiques, tombe presque par hasard sur
cette affaire, dont il ignorait tout. II entre aussitôt en contact avec
le lieutenant-colonel (en retraite) Jesse Marcel, qui lui explique
comment les choses se sont passées, trente ans plus tôt : il avait été
alerté (on sait aujourd'hui que c'était le dimanche 6 juillet), par le
shérif de Roswell, George Wilcox, à qui un éleveur de moutons, William
Mack Brazel, était venu dire qu'il avait trouvé, sur les terres qu'il
exploitait, loin au nord-ouest de la ville, une très grande quantité de
débris qu'il n'avait pu identifier.
Marcel, qui avait alors le grade de commandant ( major), partit
aussitôt sur les lieux, en compagnie du capitaine Cavitt, chargé du
contre-espionnage. La route étant très longue et mauvaise, ils ne
parvinrent sur les lieux qu' à la tombée de la nuit. Ils dormirent sur
place, dans une simple cabane servant de remise. Le lendemain matin,
Brazel les emmena sur le site aux débris, ou ils firent une découverte
extraordinaire : ce champ de débris était très vaste (plus d'un
kilomètre de long, sur une centaine de mètres de large). Les débris,
innombrables et très légers, avaient des propriétés incroyables,
notamment de résistance mécanique. Marcel et Cavitt passèrent une grande
partie de la journée à en ramasser le plus possible, et rentrèrent très
tard à Roswell.
La conférence de presse à Fort Worth, le mardi soir, ne fut qu`une
mise en scène : on exhiba de faux débris, qui étaient de toute évidence
ceux d'un ballon météo. Marcel, passant sur ordre de ses supérieurs pour
un crétin incapable de reconnaître ces débris de ballons, fut le dindon
de la farce.
Depuis une vingtaine d'années maintenant, les ufologues américains
ont fait un travail d'enquête énorme, dont les résultats sont
remarquables. Ils ont retrouvé un grand nombre de témoins (une
centaine). Chacun d'eux n'a assisté qu'à une petite partie des
évènements, personne n`ayant été en mesure d`observer le déroulement des faits depuis la découverte des débris jusqu'aux stades ultimes de
l'enquête. Toutefois, ces témoignages convergent vers un scénario qui
semble très hautement probable, et dont on peut résumer ainsi les
grandes lignes :
Si le commandant Marcel, aussitôt après avoir reçu le coup de
téléphone du shérif, part précipitamment vers le champ de débris, en
compagnie de Cavitt, ce n'est évidemment pas que son travail consiste à
aller examiner de près n'importe quel tas de ferraille abandonné en
pleine nature, très loin de la base. C'est parce que peu de temps avant
cela (quelques heures probablement, trois jours tout au plus), les
militaires ont été avertis de l'existence d'un autre site de crash, à
peu près dans la même direction, mais beaucoup moins loin, et que sur ce
site, ils ont découvert rien moins que l'épave d'un OVNI accidenté,
avec les membres de son équipage, dont un encore en vie ! Des civils,
notamment un groupe d'archéologues, ont vu, eux aussi, le vaisseau
accidenté et ses occupants.
L'information est aussitôt considérée comme sensible au plus haut
degré, le terrain est bouclé par la police militaire, et les temoins
sont menacés : ils ne doivent absolument rien dévoiler de ce qu'ils ont
vu, sous peine d'avoir à en subir les conséquences. Néanmoins, les
témoins civils n'ayant pas nécessairement été tous identifiés, des
fuites sont à craindre, et on ne peut courir un tel risque. La stratégie
adoptée (probablement le lundi 7 juillet) est celle du contre-feu : on
va propager la nouvelle d'un accident de disque volant, suivi de
récupération de l'épave, puis on va démentir la nouvelle, si possible
d'une manière qui invite à sourire. Ainsi, si des témoins du premier
crash font savoir ce qu'ils ont vu, personne ne les croira, l'affaire
ayant par avance été démentie. II suffit de faire vite.
Sur ces entrefaites surgit la nouvelle d`un autre crash (celui des
débris). Le lien entre les deux incidents parait évident, c`est pourquoi
le commandant Marcel part sans tarder. En fait, pour les hauts
responsables (le général Ramey et ses supérieurs), cet autre site de
crash tombe plutôt bien, puisqu`il n`est pas question d'épave, ni
d`équipage mal en point : il n`y a là-bas que des débris matériels. Cela
va grandement faciliter la manoeuvre.
La mise en scène organisée à Fort Worth, le 8 au soir, fonctionne
très correctement. Personne ne soupçonne la manipulation. Tout le monde
rigole un moment, aux dépens de Marcel (et sans doute aussi du colonel
Blanchard), et tout rentre dans l'ordre. Ni nu, ni connu ! Personne ne
remarque qu'une telle bévue, de la part d'officiers d'élite, investis
des plus hautes responsabilités, est tout simplement impensable.
A partir des années quatre-vingts, plusieurs équipes d'enquêteurs se
lancent dans ce qui va être (et de loin) la plus grande enquête de
l'histoire de l'ufologie. Parmi les témoins qui vont fournir des récits
compatibles avec le scénario résumé ci-dessus, on compte quelques
militaires de haut rang qui, sur la fin de leur vie, ne se sont plus
sentis tenus au secret, et ont courageusement décidé de parler. C'est le
cas, par exemple, du général Exon, qui a affirmé avoir survolé en avion
les deux sites distincts. C'est le cas également du général DuBose, qui
a révèle la mise en scène organisée dans le bureau de son chef, et a
dit très clairement que de faux débris avaient été substitués aux vrais.
Au fil des ans, le dossier ne cesse de s'étoffer, le déroulement des
évènements se précise : il y a eu ratissage des deux sites, transport
par avion des débris (et probablement des cadavres), intimidation des
témoins, civils et militaires, puis disparition totale et inexplicable
des archives de la base de Roswell pour la période considérée. Pendant
un quart de sicle, les ufologues américains font preuve d'une
détermination et de capacités dont on aimerait voir, ne serait-ce qu`une
pale imitation, de ce coté de l'Atlantique. A partir de 1990,
d`excellents livres paraissent, qui permettent de se faire une idée sans
cesse plus précise de ce qui a pu se passer à Roswell en juillet 1947.
Au début de 1994, une suite de manoeuvres s'enclenche aux
Etats-Unis, lorsqu'un représentant (Républicain) du Nouveau Mexique,
Steven Schiff, sous la pression de nombreux électeurs, tente d'obtenir
des éclaircissements sur l'affaire. N'ayant rien obtenu du Pentagone, ni
de l'US Air Force, il se tourne vers le GAO (General Accounting
Office), une sorte d'équivalent de notre Cour des Comptes, pour demander
l'ouverture d'une enquête. Au cours des mois qui suivent, l'US Air
Force fait savoir que les débris de Roswell étaient ceux d'un train de
ballons, ultra secret en 1947 (ballons Mogul), destiné à permettre la
détection acoustique d'éventuelles explosions atomiques soviétiques. Les
descriptions fournies par les témoins ne correspondent en rien à des
débris de ballons, mais peu importe : il existe, à partir de 1994, une
"vérité" officielle sur les débris de Roswell.
Au début de 1995, une étrange nouvelle éclate : un petit producteur
de musique anglais, Ray Santilli, a mis la main, presque par hasard, sur
un film noir et blanc, sans bande son, qui montre... l'autopsie du
cadavre d'un extraterrestre par des chirurgiens porteurs de combinaisons
intégrales. Aussitôt, des personnes bien intentionnées s'empressent de
faire l'amalgame avec l'affaire de Roswell, bien qu'aucun élément concret ne justifie ce rapprochement. II est vrai qu'à cette époque, on attend la publication du rapport du GAO.
L'histoire de l'ufologie recèle d'un certain nombre de coïncidences
"fortuites" tout à fait remarquables. Au moment ou le GAO va publier ses
conclusions, Santilli diffuse à travers le monde son film de
l'autopsie. Il existe aussi une autre séquence, plus courte, filmée sous
une tente, où l'on voit de curieux artefacts comparables a des
empreintes de mains a six doigts dans des plaques de couleur claire. Or
le « cadavre » de l'autopsie avait justement des mains (et des pieds) à
six doigts. Les personnes les plus imaginatives estiment aussitôt que
les séquences se confirment mutuellement. Quant à la presse, elle
n'hésite pas à se vautrer dans l'amalgame (que rien ne justifie,
rappelons-le !) entre ces séquences filmées et l'affaire de Roswell (on
notera au passage une comique histoire de prétendu sang vert, alors que
le film est en noir et blanc !). Les témoignages, les enquêtes, qui
dessinent déjà avec précision le déroulement des faits, sont carrément
passés sous silence. Un torrent de critiques s'abat sur TFI et sur
Jacques Pradel, qui ont présenté le film et le diffusent même sous forme
d'une cassette vidéo. La presse "sérieuse" se déchaîne contre ce
qu'elle qualifie de machination et contre "la crédulité des gens".
Dans ce tohu-bohu, la publication du rapport du GAO, en juillet
1995, passe inaperçue. Les ufologues les plus circonspects se demandent
si le scandale de "l'autopsie" n'aurait pas servi, entre autres choses, à
détourner l'attention du rapport du GAO, qui confirme l'impossibilité
d'obtenir les informations recherchées, et précise (contrairement à ce
qu'a affirme Libération du 8 août) que "le débat sur ce qui s'est écrasé
à Roswell continue" (avec entre autres la disparition inexplicable et illégale des archives de la base).
Deux ans plus tard, l'US Air Force publie un nouveau rapport, qui
nous apprend que les cadavres évoqués par divers témoins étaient en fait
des mannequins, parachutés dans le cadre d'expériences concernant
l'évacuation en vol des avions en perdition. On apprend rapidement que
ces expériences ont été effectuées... en 1953 ! L'anachronisme,
étrangement, ne soulève aucune interrogation chez les sceptiques
(notamment Français), qui voient en ce rapport la révélation qui met un
point final à toute l'histoire. Soupçonneux à l'extrême envers les
déclarations des témoins, ils acceptent sans broncher les "explications"
de I'US Air Force.
Le 29 juin 2007, FR3 diffuse une émission "Pièces à conviction" qui -
comme c'est étrange ! - est globalement orientée, dans le sens qu'on
devine : celui de toutes les émissions de télévision hexagonales
évoquant la question des OVNI (iI faut quand même mentionner une
exception : l'excellente émission sur Arte, le 8 juin 2005). Au cours de
cette émission, l'affaire de Roswell est évoquée, sans que soient cités
les témoignages recueillis, depuis plus de vingt ans, par les ufologues
américains. L`évocation de Roswell est centrée sur deux choses : d'une
part l'interview d'un truqueur professionnel britannique, travaillant
pour le cinéma, qui affirme avoir produit, de ses mains, le "cadavre" de
l'autopsie, mais n'en apporte aucune preuve (alors qu'une séquence le
montrant en compagnie de sa prétendue création aurait suffi à donner
quelque crédibilités à ses affirmations) ; d'autre part, le commerce de
produits dérivés (notamment d'extraterrestres en plastique vert), lors
du cinquantième anniversaire des évènements de 1947. Sur les
témoignages, sur leur cohérence globale, sur les questions qui se posent
encore, rien. Pas un mot.
Etrange démarche, soucieuse quand il s'agit d'instiller le doute sur
un cas solidement documenté, et totalement laxiste envers une
affirmation gratuite !
Telle est, dans ses grandes lignes, et dans ses grandes lignes
seulement, l'extraordinaire affaire de Roswell. En fait, les témoins
sont si nombreux, sans parler des péripéties des enquêtes (avec
notamment plusieurs "témoins" hautement suspects), qu'il faut disposer
de quelques documents, et prendre son temps, pour se forger une idée
réaliste de la question. Pour qui ne lit pas l'anglais, le livre de
Gildas Bourdais (Roswell, Enquêtes, Secret et Désinformation, JMG
Editions, 2004), permet de se faire une idée assez complète de
l'affaire, sans avoir à se perdre dans d'innombrables documents.
Retenons ici un point capital : cet évènement sans précédent,
attesté par de très nombreuses personnes, aggravé par une inexplicable
destruction d'archives, et obscurci par diverses manoeuvres, s'est
produit à quelques dizaines de kilomètres seulement de l'endroit où
entaient basés les seuls bombardiers au monde alors capables de
transporter des bombes atomiques. La coïncidence n`est certainement pas
due au hasard.
Pour ceux qui desirent en savoir plus, un livre incontournable est
celui de Gildas Bourdais, cite au paragraphe precedent. C'est d'ailleurs
sans doute le seul valable en langue francaise...
Il est absolument indeniable qu'il s'est passe quelque chose a
Roswell en 1947. Attention, je n'ai pas dit que c'etait forcement le
crash d'un engin extra-terrestre; la cause est peut-etre tout ce qu'il y
a de plus humaine. Mais il s'est forcement deroule quelque chose
d'important...
Hiei (Yû yû hakusho) est un alien.
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