mercredi 26 septembre 2018

Gokaiger

(article initialement publie le 10 mai 2012)
Kaizoku Sentai Gokaiger (les sentai pirates Gokaiger (il y a un jeu de mots intraduisible avec gokai)) est clairement une oeuvre qui restera dans les annales du tokusatsu. C'est la serie-anniversaire qui fete les 35 ans du genre sentai, et pour cela la Toei a mis les petits plats dans les grands.

Le fan-service est le principe meme du feuilleton. Je m'explique: nos pirates de l'espace (qui debarquent sur Terre a la recherche du plus grand tresor que l'univers ait jamais porte), grace a un objet nomme "ranger key", disposent de la faculte de se transformer en n'importe lequel des sentai des 34 annees precedentes!! Les dits precedesseurs ayant par ailleurs perdu leur faculte de transformation (le pourquoi du comment est explique dans le 1er episode).
Mais il y a mieux: tout au long de l'histoire, on retrouve au moins un acteur/actrice de chacun des 34 anciens sentai!!! Leur role peut etre plus ou moins important, sachant que generalement on les verra en civil seulement. Seul les 3 Hurricanger (a qui les Gokaiger preteront leur ranger key), et Black Condor de Jetman beneficieront d'une sequence en costume de combat. J'en vois qui tiquent, a l'evocation de Black Condor. Mais il etait pas mort a la fin de Jetman lui? Et bien oui, mais la il revient du Royaume des Morts le temps de l'episode (sa forme de fantome le rend d'ailleurs invisible aux yeux de certains personnages).
Gokaiger sous-entend par-la meme que TOUTES les series sentai appartiennent au meme univers, ce qui est bien evidemment strictement impossible. Mais bon, on fera avec, sinon c'est le concept meme de la serie qui passe a la trappe
Notons d'ailleurs que au moins dans un cas (Timeranger), le scenario de Gokaiger apporte un complement a l'histoire originale! (et, j'avoue, ce passage m'a fait pleurer tellement il est emouvant).
Y a du monde! (199 personnages normalement)

Alors en realite, tous les sentai ne sont pas representes directement dans la serie: les acteurs de Goseiger, Jacker, Denziman, Google V, Dynaman, Bioman, et Turboranger n'apparaissent que dans le film Gokaiger VS Goseiger, qui fait partie integrante de la serie (il se situe entre les episodes 16 et 17). Mais en cumulant serie et film, oui, on a bien au moins un representant de chaque sentai. Evidemment, pour les plus anciens, ils ont pris un sacre coup de vieux parfois...

En mettant tout cet aspect de cote, Gokaiger serait un sentai sympa, sans plus. On sent deja l'enorme influence One Piece. Les pirates sont quasiment inconnus dans le monde de la japanim (en mettant de cote Captain Harlock, et donc surtout One Piece), mais la c'est flagrant.
Gokaired a certains aspects de Luffy.
Gokaiblue a le cote combattant (et epeiste!) de Zoro.
Gokaigreen est cuisinier, comme Sanji.
Gokaiyellow, c'est Nami, psychologiquement et physiquement.
Les Gokaiger sont a la recherche du plus grand de tous les tresors connus, sans meme savoir ce que c'est (et la revelation, dans l'avant-avant-dernier-episode, est surprenante).
Un mot sur les acteurs principaux justement; ils sont plutot bons dans l'ensemble (ce qui n'est pas forcement toujours le cas dans les tokusatsu de ces 10 dernieres annees...); personnellement j'ai beaucoup aime Gokaiblue (l'acteur doit avoir un sacre fan-club feminin...) et Gokaipink.

Un truc genial se situe au niveau sonore. Dans chaque episode consacre a une serie en particulier, on aura toujours a un moment ou a un autre lors d'une scene de combat le generique de la dite-serie!!! Sauf etrangement Jetman et Ohranger (on se demande bien pourquoi!!!)
Nos heros ont opte pour le rouge lors de cette scene

Si je devais retenir un defaut de Gokaiger, c'est au niveau des mechants, peu interessants. Dommage.
Alors bien sur la question est: peut-on aimer Gokaiger si on n'y connait rien ou pas grand-chose en sentai? Ben c'est quand meme vivement conseille d'avoir une solide culture sentai quand meme... Sinon on doit perdre 80% de l'interet; et surtout on trouve bien des series avec de meilleurs scenarios (Timeranger, Liveman, Dairanger...).


L'opening (pas genial. Dommage, d'habitude c'est un point fort des sentai)

L'ending, ode au fan-service

vendredi 21 septembre 2018

Crusher Joe

Titre original: Crusher Joe
Annee: 1983
Nombre d'episodes: 1 film + 2 OVA
Auteur: Haruka Takachiho
En 2161, les crushers sont les hommes à tout faire de l'espace : chasseurs de prime, exploration, escorte, rien n'est trop dangereux tant que le prix est juste. Joe est à la tête d'une équipe de Crushers, comptant Talos le cyborg, la belle Alfin et le jeune Ricky. Une mission d'escorte, à priori un travail de routine, va déraper et Joe et son équipage vont devoir découvrir quel complot se cache derrière la disparition de leur cargaison.

Il y a pas mal a dire sur ce film. A la base, Crusher Joe est une serie de romans (13 volumes a ce jour, parus entre 1977 et 2016), de Haruka Takachiho, qui est egalement l'auteur de Dirty Pair.
Un long-metrage est mis en chantier... des 1979. Oui, il aura donc necessite 4 annees de travail! Il fait partie des 3 films "mastodontes" de 1983, en compagnie de Genma Taisen et du film-conclusif de Yamato. Les animefans devaient etre aux anges cette annee-la... Ce sera neanmoins celui qui marchera le moins bien parmi les 3, meme s'il rapportera tout de meme 660 millions de yen de benefices (ca va, on va pas se plaindre).
Originalites techniques: d'une part le film utilise quelques effets par ordinateur (on est en 83!!), et d'autre part il a ete fait dans un format plus large que d'habitude (a mi-chemin entre le format standard et cinemascope), ce qui fait que lorsqu'il est resorti pour etre visionnable sur les televiseurs 16/9, la taille etait quasi-parfaite et il n'a pas vraiment ete besoin de le reformater.
Realisation et (partiellement) chara design sont signes Yoshikazu Yasuhiko, qui a eu son heure de gloire avec la premiere serie de Gundam en 79. Mais, excusez du peu, on a fait appel a de nombreux mangaka celebres pour creer d'autres personnages, comme Yumiko Igarashi, Katsuhiro Otomo, Akira Toriyama, ou Rumiko Takahashi!! Meme si cela ne se voit pas forcement a l'ecran, tout ayant ete "formate" de maniere a coller au style de Yasuhiko, un tel concept etait particulierement audacieux, et montre bien la volonte des producteurs d'en faire un film d'exception. Quant a l'excellent mecha design, c'est Shoji Kawamori (Macross) qui s'en occupe.
Autre particularite, la plupart des personnages ont chacun leur animateur attitre (il me semble que c'est le cas chez Disney aussi).
D'un pur point de vue technique, meme s'il n'egale pas ses deux concurrents de 83, il n'y a vraiment rien a lui reprocher; tout specialement les sequences de combat. Rien a redire sur les musiques non plus.

Neanmoins, ce qui n'est pas forcement un defaut, Crusher Joe fait un peu "patchwork" puisque l'esthetique de certains personnages, voire lieux ou mechas, nous rappellent VRAIMENT d'autres anime de l'epoque comme Gundam, Ideon (pour un personnage surtout), Votoms, ou le plus ancien Zambot 3, au niveau du design du costume des heros: c'est bien simple, hormis les couleurs, c'est presque le meme! (avec ses genres de carres en relief sur la veste). D'ailleurs, on remarquera un petit cameo dans le decor, avec des persos de Gundam, Daitarn 3, ou Xabungle. Autre cameo, mais bien visible lui (il dure au moins 30 secondes), du Dirty Pair projete sur un ecran geant! (le design n'a rien a voir avec celui de la serie tele, vu qu'il lui est anterieur)
En ce qui concerne le scenario, cela reste avant tout un film d'action, mais il est bien amene, et revelera quelques surprises sur la fin. Toutefois, le melange de sequences gags cartoonesques avec une relative violence (comme des personnages qui meurent cribles de balles) est parfois un peu deconcertant.
Comparez les tenues...
En bas a droite, saurez-vous tous les reconnaitre?
On finit sur une anecdote liee au doublage, deux protagonistes importants sont doubles par les seiyuu de Jigen et Zenigata de Lupin 3, et j'ai eu un peu de mal a les prendre au serieux a cause de cela, tellement leur empreinte est mythique sur ces persos.

Il existe 2 OVA sortis en 1989; ne les ayant pas vus, je ne peux rien en dire. Mais Crusher Joe le film, est un divertissement de grande qualite, totalement SF eighties dans l'ame, et on ne s'ennuie pas une seconde (il dure deux heures tout de meme), la mise en scene etant a l'instar du reste, absolument sans defaut. A voir!


Le trailer

lundi 17 septembre 2018

Les series Toei 80's qu'on n'a pas eues en France

(article initialement publie le 3 Mai 2012)
Non seulement la Toei Animation fut LA grande maison de production d'anime du debut des annees 70 au milieu des annees 90 (depuis, ils se reposent surtout sur One Piece, Pretty Cure, et plus recemment DB Super...), mais elle fut egalement un gros fournisseur de japanim en France. Notamment en 1988, quand AB se rendit au Japon pour acheter des series au kilometre. Je me permets meme de me demander serieusement s'ils n'auraient pas a ce moment-la achete l'integralite du catalogue des dix dernieres annees! (Meme si tous ne furent pas diffuses)
En effet, la Toei a produit 61 anime (je parle de series TV uniquement) entre 1980 et 1989 (soit tout de meme une moyenne de 6 par an, ce qui est assez enorme). Sur les 60, 45 ont ete diffuses dans l'Hexagone (parfois partiellement), soit quasiment les 3/4! Il nous reste donc 15 series restees au placard; nous allons les passer en revue rapidement, et tenter de voir pourquoi on y a echappe.

Asari-chan


Ca s'explique facilement, c'est un DA de type comedie profondement ancre dans la culture populaire japonaise, genre Sazae-san. En plus graphiquement, bon...

Kosoku Denjin Albegas


La France n'aime pas les robots (a part Goldorak et Robotech). Certes, le Club Do a bien tente de diffuser Gordian (trop vieux!), Dancougar, et Tobikage, mais ils ont vite ete retires de l'antenne. Dans ces conditions, on s'est peut-etre dit autant eviter d'autres DA du genre...

Stop! Hibari-kun!


Love comedy humoristique, mais ou "l'heroine" est un fait un travesti amoureux du heros... C'etait impensable dans une emission pour la jeunesse!

Bemubemu Hunter Kotengu Denmaru


Repompe de Dororon Enma-kun... Denmaru se rend dans le monde des humains pour chasser les demons. Surement trop culturellement marque, sans compter le heros porte sur les petites culottes.

Transformers (3 series)


Alors oui, on a bien sur eu la toute premiere serie, co-production americano-nipponne. Mais il faut savoir qu'ensuite les Japonais ont continue dans leur coin, et pondu TF The Headmasters, TF Chojin Masterforce, et TF V. La, je me demande si ce n'est pas davantage pour des questions de droits vis-a-vis des jouets.

Video senshi Lazerion


Encore du robot (et la, tout est dit). Dommage, parce que le concept de base etait interessant avec des idees en avance sur leur epoque (Internet, jeu en reseau...)

Gegege no Kitaro (3eme serie)


Manga ultra-populaire, il n'y a pas un seul Japonais qui ne connaisse pas Gegege. Seulement voila, encore une fois, a cause du folklore local bien trop marque, inutile de songer a une diffusion francaise.

Ginga Nagareboshi Gin


J'en ai parle en detail ici. A mon avis, c'est sa trop grande violence qui lui a interdit l'antenne.

Kamen no Ninja Akakage


A la base, un tokusatsu tres populaire. Bon, la encore, probleme culturel...

Tatakae! Lamenman


Attention! Il y a bien un personnage du nom de Lamenman dans Kinnikuman (et avec le meme design), mais ils n'ont pas de rapport. Au pire, on peut dire que ce Lamenman-ci est un lointain ancetre de celui qu'on connait, l'histoire se deroulant dans la Chine ancienne.
Encore une fois, ambiance trop culturellement marquee, sans compter le look "special" du heros...

Sakigake! Otokojuku


Deja vu ici
La, je pense que c'est son graphisme, bien trop proche de Hokuto no Ken, qui lui a ete fatal. Et quand on sait les ennuis que TF1 et le Club Dorothee ont eu a cause de Ken...

Akuma-kun


Genre de sous-Gegege no Kitaro, du meme auteur en plus. Inutile de s'etendre davantage...

Kariage-kun


Les aventures d'un salaryman... A l'instar de Asari-chan, on comprend tout de suite pourquoi on ne l'a pas eu.


En bonus, je vous mets 2-3 generiques que je trouve sympas
Transformers The Headmasters (un des tous premiers generiques de Kageyama!)


Akakage


Lamenman

mercredi 12 septembre 2018

Videos 80s et 90s du Comiket (et autres)

Attention, documents assez exceptionnels. Si comme moi, vous vous interessez a l'histoire de la japanimation et du mouvement otaku (et si vous frequentez ce blog, y a des chances que ce soit le cas), vous saurez apprecier a leur juste valeur ces incroyables trouvailles.

1/30 secondes d'extraits du Comiket de 1981 (avec un cosplay Harlock notamment)


2/reportage de 1983 sur la sortie du film de Crusher Joe, et sa file d'otaku qui fait la queue devant le cinema depuis la veille. Certains sont genes de repondre au journaliste qu'ils ont saute l'ecole expres... (on a beaucoup parle de ce phenomene avec les jeux Dragon Quest quelques annees plus tard, mais on voit ici que ce n'etait pas une premiere)
Contient egalement un passage dans la boutique General Products a Osaka, tenue par Toshio Okada, un des "peres" de l'otakisme et futur membre fondateur des studios Gainax


3/emission tele de 1985 (sur le Comiket de 85 donc) d'une quinzaine de minutes. Il manque la toute fin, ou les animateurs discutent du sujet, et il faut bien dire que meme s'ils ne vont pas jusqu'a traiter les otaku de lie de la societe, c'est pas tres otaku friendly non plus...


4/emission de 18 minutes sur le Comiket de 1987, au ton neutre celle-la. C'est peut-etre la plus interessante, car on y voit Mandarake (la premiere boutique, au Nakano Broadway Center) et aussi un petit passage dans les studios de la Toei, ou on nous montre des animateurs en train de bosser sur... Saint Seiya!


5/Comiket d'Aout 1995 (essentiellement du cosplay) Si vous en voulez d'autres, allez voir ici (faut bien chercher par contre)


6/Comiket de decembre 1995 (cosplay la aussi, mais c'est pas tres bien filme). C'etait la derniere edition a Harumi avant que la Convention ne demenage a Tokyo Big Site.


7/Bon alors celle-la n'a pas grand interet, mais pour moi elle a une forte valeur affective. En effet, il s'agit du Comiket d'Aout 1997.
J'y etais (c'est la seule fois de ma vie que je suis alle au Comiket d'ailleurs).
Je me rappelle meme du gars en Iori Yagami qu'on voit a l'arriere-plan (je l'avais peut-etre meme pris en photo). A tout hasard, j'ai essaye de voir si on pouvait m'apercevoir dans le decor mais non, je devais etre ailleurs a ce moment-la (c'est TRES grand!!)


8/Et enfin un reportage sur le Comiket d'Aout 1999; c'est deja limite trop recent en ce qui me concerne...

lundi 10 septembre 2018

Govarian

(article initialement publie le 24 Avril 2012)
Titre original: Psycho Armor Govarian
Annee: 1983
Nombre d'episodes: 26
Auteur: Seichi Ichino (et Go Nagai pour la creation des persos et robots)
L'armee extra-terrestre de Garadyne attaque la Terre. Mais un renegat de ceux-ci, Zek Alba, refugie sur notre planete, a fait construire un robot nomme Govarian, afin de pouvoir lutter contre l'envahisseur. Particularite: les pilotes (car il y en a plusieurs) doivent obligatoirement etre des espers (individus pourvus de pouvoirs psychiques).
Mmh bon, comment dire... Govarian est une serie qui avait du potentiel certain: le nombre important de personnages au sein du groupe de heros, le cote esper, le personnage de Zek (assez ambigu) et celui de Melia (une des mechantes, tres interessante)... Mais alors, y a UN truc qui vient vraiment tout gacher. D'habitude je ne suis pas du tout regardant sur cet aspect (sinon je ne regarderais pas grand-chose ), mais la c'est trop; c'est la qualite generale de la realisation. Si le chara design de base est encore tout juste mediocre, le reste sombre 70% du temps dans les abimes de la nullite. Des dessins pourris (les screenshots presentes ici sont dans le haut du panier), une animation immonde, qui plus est servis par une mise en scene hyper-bancale (parfois, franchement, on ne comprend pas ce qui se passe) impardonnable de la part d'un studio professionnel (NAC en l'occurrence; ils n'ont pas fait grand-chose de vraiment connu, a part Attacker You (Jeanne & Serge)).
Je me suis force a visionner l'integrale, mais quel supplice ce fut par moments!
On retiendra quand meme de Govarian son OST, signee Tatsumi Yano (City Hunter, et quelques sentai comme Bioman; une BGM de Govarian ressemble d'ailleurs a s'y meprendre a une de City Hunter!); mais il faut aimer le trip synthetiseur "ambiance cosmique" planant du debut des annees 80. Pour ma part, j'ai trouve que cette bande-son collait parfaitement au cote fantastico-SF de la serie.
Et puis les deux generiques, du groupe Neverland, poutrent bien.
Donc bon, achetez le CD... euh non pardon il n'existe pas; il n'y a que le 33 tours d'epoque! Mais ne perdez pas votre temps avec cet anime.
Terminons sur un aspect qui n'aura echappe a personne: le design de Govarian fait furieusement penser a celui de Mazinger... En fait, le design a ete confie a Go Nagai, NAC souhaitant cette ressemblance. Mais la participation de Nagai a ce DA semble s'arreter la.


L'opening (la ca va, c'est pas pire que la moyenne de l'epoque. Mais alors au sein des episodes...)

mercredi 5 septembre 2018

lecture: Une histoire du diable, de Robert Muchembled



"Le diable est toujours fils de son temps", déclare, en tête d'un des chapitres, Robert Muchembled. C'est à une sarabande effrénée et séculaire, à une effrayante parade de la présence démoniaque qu'il convie son lecteur. Au fil de huit siècles, du Moyen Âge à l'ère contemporaine, des chapiteaux et portails gothiques où se lovent des démons ricanants et où se déploient les fastes infernaux au film L'Exorciste et aux bandes dessinées de Comès ou Christin, on piste le diable, son image, les efforts faits pour le combattre ou l'invoquer. En parcourant ce carrousel démoniaque, on est mené au Sabbat, convié au spectacle du bûcher ou à la lecture des manuels de démonologie. On est invité à la table du Belzébuth classique ou du Méphistophélès romantique. Si le diable a aujourd'hui déserté les débats théologiques, il continue de hanter l'imaginaire. 

J'ai ete un peu decu par cet ouvrage; non pas parce qu'il serait mauvais, tres loin de la, mais parce que je m'attendais a autre chose niveau contenu. Contrairement a ce que laisse penser le resume, ce n'est pas exactement un livre sur le Diable, mais plutot un livre sur la representation du Diable, qui plus est sur une periode un peu trop recente. L'Antiquite ou le Moyen-Age sont a peine evoques, on debute presque a la Renaissance. De plus, la derniere partie consacree au XXeme siecle me semble plutot hors sujet. Je ne remets nullement en cause les connaissances de l'auteur en matiere de cinema ou de litterature, mais aller jusqu'a considerer de simples polars noirs comme relevant du Diable... Alors qu'on aurait pu par exemple traiter du phenomene des sectes satanistes, ou des penchants esoteristes de Hitler (considere par certains comme un Antechrist).
Je m'attendais a un cote beaucoup plus mythologique/surnaturel. On ne trouvera par exemple quasiment aucune allusion des Enfers (quelle que soit la religion d'ailleurs) ou des demons aux ordres de Lucifer.
De plus, pour la partie moderne, c'est tres americano-centre.

Encore une fois, le livre n'est pas mauvais, il est meme tres interessant et bien ecrit, l'auteur sait de quoi il parle. Le passage accorde a la chasse aux sorcieres des XVI-XVIIeme siecle est sans doute la partie la plus reussie du bouquin, meme si sur ce sujet precis, je ne pourrai m'empecher de conseiller des ouvrages plus specialises. Mais on est bien plus dans l'histoire de la representation du Diable dans les arts ou la societe que du-dit Malin a proprement parler.


"Une histoire du diable", Robert Muchembled, 2002
Professeur émérite à l'université Paris-XIII, chevalier de la Légion d'honneur, Robert Muchembled est un spécialiste internationalement reconnu de l'histoire de la sorcellerie, de la magie et des mentalités dans l'Europe moderne.